Rencontre avec Cyrille JAVARY.
Une nouvelle traduction du Yi Jing
Claude SARFATI : « Pourquoi avez-vous décidé de publier une nouvelle traduction du Yi King ? »
Cyrille JAVARY : « Parce-que, tout ce qui nous avait été décliné par toutes les traductions Occidentales de ce texte chinois depuis la première en 1840, ont toutes véhiculées un regard biaisé sur le Yi King. Un regard restrictif, réactionnaire et surtout particulièrement misogyne, c’est à dire avec une appréciation dévalorisée du Yin.
Or, justement l’une des grandes leçons que nous enseigne le Yi King c’est que la stratégie Yin est souvent beaucoup plus efficace que la stratégie Yang.
Mais, au cours de l’histoire de la Chine, les dynasties réactionnaires ont fait des interprétations biaisées du Yi King valorisant le Yang plutôt que le Yin.
Ces interprétations erronées ont étés rapportées par les traducteurs Occidentaux parce qu‘elles étaient auréolées de l’âge et de la tradition.
Il m’a donc semblé nécessaire de donner un nouveau regard juste sur le Yi King.
Du fait de ma pratique du Yi King, j’avais un avantage sur les traducteurs précédents, qui est : que je pouvais ajouter à la recherche Sinologique, ma connaissance de la pratique du Yi King.
Voici un exemple :
Il y a une série de mots dans le Yi King qui servent à définir la qualité énergétique de la situation. Certains de ces mots apparaissent 150 fois, 100 fois, 80 fois dans le texte.
Pour en chercher la traduction, je ne l’ai pas cherchée uniquement dans le dictionnaire chinois, je l’ai aussi cherchée en la situant dans chacune des apparitions dans le texte.
Et donc, en jouant avec ces deux éléments, c’est à dire à la fois une certaine connaissance du Chinois ancien et la pratique du Yi King, j’ai cherché à faire plus qu’une traduction ; j’ai essayé de faire une compréhension en trouvant les mots français qui ne sont pas forcément une traduction des mots chinois, mais qui permettent aux lecteurs français de comprendre ce que les mots chinois signifiaient dans l’optique de l’utilisation du Yi King. Cela, je crois, n’avait jamais été fait auparavant, parce-que, jusque là, tous les gens qui ont écrit sur le Yi King, soit écrivaient dessus sans le pratiquer, soit le pratiquaient sans connaître le chinois. J’avais la chance d’avoir ces deux appuis qui me permettaient de marcher sur mes deux jambes. »