Rencontre avec Cyrille JAVARY.
Les origines du Yi Jing.
Chasuble taoïsteClaude SARFATI : « Le Yi King est-il un ouvrage Taoïste ? »
Cyrille JAVARY : « La tradition chinoise à attribué à Confucius la rédaction de la totalité des commentaires canoniques du Yi King.
C’est évidemment une attribution à posteriori, faite 450 ans après la mort de Confucius.
Bien-sûr, il ne pouvait rien y redire, de toute façon, Confucius n’a jamais rien écrit de sa main. Mais cette attribution montre bien que pour l’école Confucéenne le Yi King soit un excellent moyen d’apprendre et de suivre les objectifs de constante amélioration de soi-même que proposait Confucius.
On classe le Yi King dans les livres Taoïste pour deux raisons :
D’une part à l’époque des Tang, les Taoïstes se sont parés des trigrammes du Yi King sur leur chasuble pour lutter contre le Bouddhisme, religion étrangère implantée en Chine.
D’autre part, parce que ce sont les devins de marché (parés des trigrammes du Yi King) que les Occidentaux ont vus.
Mais en dehors de l’attribution à Confucius de la rédaction des dix ailes, le Yi King est dans le classement impérial, le premier des classiques Confucéen.
Que tout candidat aux examens impériaux depuis maire de village jusqu’à Premier ministre devait connaître par cœur tous les classiques Confucéens et en premier lieu : le Yi King.
Ce qui est une évidence puisque le Yi King est un manuel d’aide à la prise de décisions et que la prise de décisions est bien ce qui attend quiconque occupe une fonction politique.
La confusion vient aussi du fait que dans le Yi King, il est question du Tao, c’est pourquoi beaucoup d’occidentaux pensent que c’est un livre Taoïste.
Mais, en fait, Tao est un mot qui est dans toutes les formes de philosophie chinoise.
Tao, ça veut dire : la conduite.
Les Chinois n’ont jamais eu d’autre problème philosophique que de savoir comment se comporter. La différence, c’est que les Confucéens limitent le problème à : Comment dois-je me comporter vis-à-vis de mes semblables et que le Yi King est horizontal, il se situe au niveau humain. Confucius ne parlait de ce qu’il y avait au-dessus ou en dessous, ce qui l’intéressait, c’était comment puis-je m’améliorer sans cesse dans mes relations avec les autres et le Yi King aide à cela.
Les Taoïstes, eux, s’intéressent à : comment puis-je me rapprocher au plus prés de ce qui fait que les choses fonctionnent ? Cela, ils l’ont appelé Tao parce que c’est un mot général.
C’est cette confusion qui fait que l’on pense que le Yi King est Taoïste, alors que son essence et son objectif est de nous aider à augmenter le degré d’humanité dans les relations entre les être humains. Donc profondément Confucéen. »